Interview Karen Razafimandimby – Directrice Artistique

Directrice Artistique

Yannick claude flainville traffic manager la Collab Paris
CrĂ©dit photo : Claude-François BARDEAU

👉   Hello Karen, quel est ton mĂ©tier ?

Karen : Bonjour, je suis Directrice artistique sur des projets de crĂ©ation d’identitĂ© visuelle et d’illustration.

J’ai Ă  cĹ“ur d’imaginer des univers graphiques pour les femmes qui crĂ©ent leurs entreprises. J’adore travailler avec elles, ça m’amène toujours un coup de frais et de boost, et ça motive tellement de participer Ă  mon Ă©chelle Ă  l’aboutissement d’un projet de vie aussi important. Ça me rappelle mes dĂ©buts, le pourquoi je fais ce mĂ©tier et ça me permet de garder la tĂŞte sur les Ă©paules. 

Ensemble nous développons un langage graphique qui sera propre à leur activité. Je suis là pour amener le glam, les paillettes tout en suivant leur stratégie de communication (à savoir connaître sa cible, sa mission, sa promesse, ses objectifs, son positionnement…), qui fait partie des fondations de toute entreprise.

La Collab communication marketing digital
Source : Unsplash – @balazsketyi

L’identité visuelle que je livre est composée au minimum des must-have pour avoir une communication cohérente et impactante. On y trouvera un logo (l’élément le plus connu), mais pas seulement, il y aura aussi les typos, les couleurs, d’iconographies (photos, illustrations, motifs)… On va grâce à tous ces éléments définir le ton de la com’ que l’on veut donner à l’entreprise.

On peut aller plus loin en imaginant des outils, plus selon les canaux de communication que l’entrepreneure a choisi d’utiliser, par exemple pour Instagram, je peux créer des templates génériques à partir d’une ligne éditoriale existante…

Le but est d’imaginer le maximum d’outils et d’éléments, afin que chaque entrepreneure puisse créer en toute autonomie des supports de com’ harmonieux.

C’est pour ça qu’un logo seul ne suffit pas, il faut tous les Ă©lĂ©ments qui vont avec pour rĂ©vĂ©ler le positionnement, se diffĂ©rencier de la concurrence, dĂ©voiler l’authenticitĂ© de l’activitĂ©, la rendre unique et durable.

Et mon bonus c’est l’illustration je l’utilise comme outil de communication, c’est pour moi un Ă©lĂ©ment supplĂ©mentaire pour se dĂ©marquer de la concurrence et marquer un peu plus un univers graphique. Je trouve que c’est un mĂ©dium qui peut toucher la sensibilitĂ© du grand public (des enfants aux adultes), il a un cĂ´tĂ© accessible qui me plait Ă©normĂ©ment.

al, puisqu’il faut bien être en mesure de s’organiser pour être efficace lorsqu’il y a l’ensemble des ces leviers de mobilisés.

La Collab communication marketing digital
Source : Unsplash – @kellysikkema

👉 D’après toi quel est le rĂ´le d’une Directrice artistique ?

Karen : Je dirais que c’est une sorte une cheffe d’orchestre crĂ©atif, je dois avoir une vision globale sur l’entreprise (stratĂ©gie, marketing) afin de proposer un univers au plus proche de l’image de marque que la cliente souhaite dĂ©velopper.

On va donner du sens aux mots, traduire les objectifs de mes clientes visuellement tout en leur donnant des outils et des conseils. Je suis là pour créer une belle base de travail, via l’identité visuelle qui va porter la communication de l’entreprise, leur donner un fil rouge créatif à suivre via la charte graphique afin de faciliter le développement de différents supports de com’. Je souhaite qu’elles gagnent un maximum d’autonomie pour ne pas créer une dépendance avec moi, même si je suis évidemment présente si elles rencontrent des difficultés et/ou ont besoin d’aller plus dans la création de supports plus complexes.

👉   Qu’est-ce qui te plaĂ®t le plus dans ton mĂ©tier ?

Karen :  J’ai l’impression de participer au rĂŞve des gens. La crĂ©ation d’entreprise c’est un peu comme donner naissance Ă  un bĂ©bĂ© et j’ai l’impression de participer Ă  la concrĂ©tisation de ce beau projet. L’aspect humain est super enrichissant, ça me motive, ça me pousse Ă  me surpasser. J’adore voir des Ă©toiles dans les yeux de mes clientes et leur donner le petit coup de boost pour lancer leur activitĂ©. 

J’aime le fait de travailler sur des sujets super variĂ©s, que je dĂ©couvre, ça me pousse Ă  mener l’enquĂŞte et j’adore ça !

Et le jour oĂą je n’aimerais plus faire ça, je sais que ça sera le moment de passer au plan B en faisant Ă©voluer mon activité… ou en changeant carrĂ©ment d’activitĂ©, je me vois bien travailler dans la food !

👉 Comment trouves-tu l’inspiration ?

Karen : Je trouve de l’inspiration dans vraiment tout ce qui m’entoure. Ă€ l’origine, je suis une personne plutĂ´t ultra digitale, les mĂ©dias sociaux sont ma première source d’inspiration ainsi que le design en gĂ©nĂ©ral. Mais pas seulement.

Je puise mon inspiration en observant les personnes dans la rue, en parlant avec mon entourage de l’actualité, de leur quotidien, de leurs problématiques, qu’ils soient indépendants ou pas… ça me permet d’enrichir ma créativité !

La mode fait aussi partie de mes passions, tout comme la cuisine, les voyages, la nature… Pleins d’élĂ©ments qui vont m’inspirer et qui sont transversal avec mon domaine. Finalement c’est ma curiositĂ© qui nourrit mon inspiration !

👉   Quelle est ton expĂ©rience et ton anciennetĂ© en tant que freelance ?

Karen : Je suis indĂ©pendante depuis janvier 2019. Je travaille depuis que j’ai 22 ans dans ce domaine. J’étais salariĂ©e dans un petit studio de crĂ©ation avant de devenir freelance. Je travaillais surtout pour des institutions de culture scientifique, pour du jeune public, sur des marchĂ©s publics… je ne m’y retrouvais plus crĂ©ativement et humainement, c’est comme ça que j’ai dĂ©cidĂ© de passer le pas et de me lancer Ă  mon compte.

Aujourd’hui je travaille essentiellement pour des indépendantes et/ou plus petites structures, cela est beaucoup plus satisfaisant, la relation est plus directe, je n’ai plus besoin de passer par X intermédiaires et mon expertise est beaucoup plus valorisante. Je trouve cela plus sincère, plus vrai, plus ancré dans le réel.

👉  Quelles ont Ă©tĂ© tes Ă©tudes pour en arriver ici ?

Karen : J’ai un parcours scolaire plutĂ´t “classique”. Ma force a Ă©tĂ© de savoir très jeune ce que je voulais faire, un mĂ©tier liĂ© Ă  l’art, au dessin. Puis au collège j’ai dĂ©couvert le mĂ©tier d’infographiste (en enquĂŞtant seule), par la suite j’ai Ă©tĂ© mal conseillĂ©e par une conseillère d’orientation. Je me suis donc retrouvĂ©e Ă  partir en filière gĂ©nĂ©rale avec des options d’Arts Plastiques tout de mĂŞme.

Après le lycĂ©e, j’ai fait une prĂ©pa d’art privĂ©e, PrĂ©p’art Sud, pour prĂ©parer les concours aux Ă©coles d’art publiques en France, j’ai alors passĂ© les concours Ă  l’ESAD de Pau et Ă  l’ESAD d’Amiens.

Je trouvais ça mieux de passer par une prépa, pour vraiment savoir ce qu’on nous demandait lors des concours d’entrée (chose que je n’ai pas apprise au lycée). Cette étape a été pour moi extrêmement utile et m’a permise d’y voir plus clair sur le chemin que je voulais emprunter !

Par la suite je suis alors allée à Amiens, j’ai eu mon diplôme (DNAP), puis j’ai voulu rentrer rapidement dans le monde du travail, car la suite de ces études me semblait trop théorique et pas du tout ancrée dans le réel. C’est d’ailleurs grâce aux stages en entreprise que je me suis rendue compte qu’à l’école on ne nous apprenait pas assez la “vraie vie professionnelle”… J’ai alors demandé dans l’entreprise où j’avais réalisé mon stage s’ ils cherchaient quelqu’un pour travailler, j’ai été embauchée.

Mon rĂŞve (Ă  l’époque) Ă©tait de travailler pour les musĂ©es, ce que j’ai fait par la suite donc un grand kiffe.

Ce que je conseillerai pour les jeunes de nos jours, c’est d’aller voir les professionnels, oser poser des questions et aller Ă  leurs rencontres que ça soit en vrai ou via les rĂ©seaux, vous n’avez rien Ă  perdre mais tout Ă  y gagner !

Et ne boudez pas les filières professionnelles, elles apportent beaucoup, elles me semblent beaucoup plus proches de ce qui vous attend à la sortie de vos études ! En tout cas c’est ce que j’aurais aimé faire ^^’

👉  Comment intègres-tu les enjeux RSE dans ton activitĂ© ?

Karen : Au niveau social je pense ĂŞtre bien, notamment Ă  travers mon engagement et mon positionnement sur des sujets qui me tiennent Ă  coeur, notamment pour les droits des femmes et leur visibilitĂ© dans l’entrepreneuriat (j’aime Ă  croire que j’oeuvre Ă  travers mon travail, Ă  les mettre dans la lumière), ainsi que la reprĂ©sentation plus inclusive que j’essaie d’illustrer dans mes supports de com’ .

Dans mon quotidien personnel, je pense avoir sans problème intégré des gestes “green” dans mon quotidien depuis quelques années, cependant je rencontre plus de difficultés à en avoir du côté pro même si j’ai initié des petits gestes et des actions plus responsables.

Notamment avec le choix d’un hébergeur français qui partage mes valeurs, je réalise également des envois de fichiers via des plateformes plus responsables, en achetant du matériel reconditionné, optimisé les déplacements (cette interview s’est faite en physique par exemple plutôt que de faire une visioconférence (avec un trajet en vélo bien sûr), mais également en travaillant avec des prestataires et/ou des client.e.s avec qui partagent mes valeurs et qui ont une sensibilité au RSE.

Après je suis consciente, qu’on ne peut pas ĂŞtre tout “blanc”, j’y vais Ă  mon rythme !

👉 Comment as-tu rencontrĂ© La Collab ?

Karen : Un peu par hasard, au talent ! Ă€ l’époque, quand je me suis lancĂ©e et que j’étais encore salariĂ©e, j’avais dĂ©jĂ  vaguement entendu parler de La Collab. J’ai alors dĂ©cidĂ© de m’inscrire Ă  un MLJL, sans trop savoir ce que c’était. Puis suite Ă  un premier entretien, j’ai eu quelques mois plus tard ma première mission, en rĂ©alisant pour La Collab Ă©taient des illustrations pour un site de mĂ©diation par l’animal.

👉 Peux-tu nous dire quelle Ă©tait ta dernière mission avec La Collab ?  

Karen : Le dernier projet en date Ă©tait avec Yannick (Meneur de Projet Ă  La Collab Toulouse), nous avons travaillĂ© sur l’identitĂ© visuelle pour l’entreprise RĂŞve CrĂ©er et Transmets. Cette dernière s’est très bien dĂ©roulĂ©e comme d’habitude !

👉 Est-ce que tu recommanderais le freelancing ?

Karen : Oui et non. Cela va dĂ©pendre de la personne, car clairement ce n’est pas fait pour tout le monde. Les personnes qui ne se retrouvent pas dans les codes classiques du travail et qui ont envie d’apporter quelque chose au monde diffĂ©remment Ă  leur manière, tentez l’expĂ©rience ! Renseignez-vous, ne vous lancez pas tĂŞte baissĂ©e, rĂ©flĂ©chissez bien Ă  votre projet, si vous voulez en vivre ! Commencez peut-ĂŞtre le freelance Ă  mi-temps pour tester votre projet, car l’argent ne doit pas devenir une source de problèmes, prenez le temps de construire quelque chose de solide et durable.

Après oubliez les aprioris que vous avez sur le freelancing, ce n’est pas se lever à 10h et avoir des paillettes dans les yeux en permanence par qu’on fait un “métier de passion”… derrière ces clichés se cache des heures de travail, une nouvelle manière de gérer son temps, une nouvelle façon de penser le travail… La voie n’est pas facile, elle est très challengeante mais ça vaut le coup !

L’entrepreneuriat est une voie qui me semble très courageuse (surtout quand on a connu le salariat avant). Et si je peux vous conseiller quelque chose d’important, c’est de bien s’entourer, de se crĂ©er un cercle solide, ça vous permettra d’avoir une activitĂ© plus durable, restez humble et mettez votre Ă©go de cĂ´tĂ©.

👉 Qu’est-ce que la vie en collectif notamment avec la collab t’apporte ?

Karen : Cela m’apporte un coup de boost via une Ă©nergie totalement diffĂ©rente de mon quotidien ! Ça me sort de mon environnement de travail très solitaire finalement. J’ai l’impression de faire partie presque d’une sociĂ©tĂ© sans avoir les inconvĂ©nients du salariat, car nous sommes toutes et tous sur un pied d’égalitĂ© et chaque voix est Ă©coutĂ©e et considĂ©rĂ©e. On se retrouve sur des valeurs communes et c’est quelque chose de très enrichissant !

Cela me permet également de travailler sur des projets d’une autre échelle, de partager des points de vue qui me permet d’avoir une vision plus large sur mon activité, partager les connaissances, rencontrer des profils très différents, de m’engager sur des actions communes sur lesquelles seule je n’aurais pas pu avoir d’impact, notamment sur des actions pour défendre les droits des Freelances… tout cela est très stimulant pour moi, ça me tire vers le haut.

👉 Le mot de la fin ^^

Karen : La vie est trop courte pour ne pas faire ce qu’on kiffe. J’ai dĂ©jĂ  32 ans, et je n’ai pas vu le temps passer ^^. Ayez des objectifs qu’ils soient petits ou grands, sur du court ou du long terme, ça vous permettra de savoir oĂą vous allez.

Si ce que l’ont fait ne nous apporte rien de positif dans la vie, alors c’est une perte de temps (c’est dur mais tellement vrai^^). Prenez soin de vous, de votre corps, de votre mental pour avancer dans les meilleures conditions. Tendez vers une activitĂ© pro que vous aimez et surtout ne le faites pas pour les autres, faites-le pour vous !

Faites ce que vous kiffez dans la vie, suivez votre instinct et tout ira bien !

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